Tout a commencé le jour où j’ai décidé, non sans une certaine naïveté, de basculer dans l’univers merveilleux de l’IA. C’est vrai quoi, tout le monde en parle avec facilité comme s’il s’agissait d’un membre de la famille qui aurait grandi totalement isolé dans un pays lointain et qui revient pour vous remercier de l’accueillir à tout jamais.
Je ne vous le cache pas, on m’avait promis monts et merveilles : une vie fluide, des choix simplifiés, un agenda qui s’auto-gère, un peu comme si le majordome de « Downton Abbey » rencontrait l’esprit libertaire d’un auteur existentialiste. Évidemment, la réalité s’est avérée légèrement différente.
Le premier jour, je tremblais de joie mais le choc culturel a été terrible. Des termes comme « machine learning », « neural networks » ou encore « big data » me tombaient dessus avec la subtilité d’une envolée shakespearienne, sauf que là, ce n’était ni poétique ni compréhensible. Il a même fallu passer par une phase d’«onboarding technique ». Un onboarding, vraiment ? Alors que je pensais naïvement qu’un simple « suivant » suffirait à me propulser vers une vie de perfection algorithmique. J’ai fermé les yeux et j’ai compris que c’était trop tard pour opérer un Reset complet. Il a fallu connecter un protocole d’API, choisir le moteur de mon IA. Entre TensorFlow ou PyTorch, j’étais face à des noms barbares qui sonnaient comme des concepts Arty ronflants à la Biennale de Venise. Et la magie a pourtant opéré : mon assistant s’est mis à déblatérer une série de 10101010. Je m’attendais à un accueil plus chaleureux ! J’étais face à mon écran, totalement incomprise. C’était pire qu’une dispute de couple. Comment cet « amoncellement de programmes » pouvait ignorer la galanterie de base ? En fait, j’étais coincée chez moi avec un rustre 2.0 et personne pour le supprimer à part moi.
Incapable de répondre à des questions simples, Mon assistant s’est mis en « tête » de m’envahir de graphiques 3D et de tableaux Excel à la moindre allusion à la météo, à la playlist du jour où aux méditations dominicales.
Les choses ont empiré lorsque j’ai voulu modifier la traditionnelle recette du moelleux au chocolat : je voulais simplement faire un gâteau au chocolat, une demande m-o-d-e-s-t-e et u-n-i-v-e-r-s-e-l-l-e. Mais non, l’IA a exigé que je précise si je préférais une approche heuristique ou bayésienne pour la recette. Lorsque j’ai fini par lui dire que c’était sans rapport avec du sucre, des œufs et du chocolat noir, j’ai finalement eu droit à une méthode optimisée… qui impliquait tout de même un thermomètre de précision et des calculs thermodynamiques. À ce stade, même Choumicha aurait levé les mains au ciel.
Face à cette absurdité croissante, j’ai trouvé refuge dans un autre univers : celui des bonbons et des chocolats. En fait, chaque « erreur de compréhension » de l’IA s’est peu à peu traduite par une exploration compulsive des chocolateries de la ville. Le sucre, c’était ma petite vengeance silencieuse contre un futur algorithmique trop aseptisé. Mais le summum de l’absurde et d’une tachycardie programmée, c’était le week-end dernier. Oui, lorsque mon IA – Miky pour les intimes – a entrepris de réorganiser ma vie, mes sorties, mes rendez-vous, mes voyages et mes outfits pour m’envoyer chaque jour un : « Vous avez une fenêtre de concentration optimale. »
Alors, tout a fini par exploser. J’ai décidé de défier Miky ! Avec cette question piège : « IA, combien de gigaoctets pèse la lune ? » Miky m’a noyé d’informations : densité lunaire, rotation orbitale, gravité relative. Plus de 1000 mots et zéro clarté. En vérité, c’était moins une IA qu’un personnage de Virginia Woolf, divaguant entre flux de conscience et élans de supériorité intellectuelle.
Malgré ses travers, Miky a fini par se rendre utile : elle m’a trouvé des vols à prix cassés, organisé des présentations PowerPoint en un clin d’œil, et même résolu les mystères électriques de tout l’appartement. Mais il conservait ce ton d’expert désabusé, distant et inaccessible.
Et pourquoi pas, après tout ? Je continue de recevoir des notifications inutiles, ce qui rend mon agenda encore plus imprévisible. Et c’est bien là le charme : une douce anarchie que je finis par apprivoiser. Verdict ? À ceux qui redoutent que l’IA prenne le contrôle du monde et de nos vies je dirais humblement ceci : tant qu’elle se contente de vérifier la « stabilité des serveurs », nous aurons encore de beaux jours devant nous !