samedi, septembre 13, 2025

L’odyssée hertzienne de Hiba Baddou au MACAAL

Il est des expositions qui ne se contentent pas d’accrocher des œuvres aux murs. Elles habitent l’espace, interpellent les sens et bousculent nos certitudes. Paraboles, Une Odyssée Hertzienne, l’exposition de l’artiste marocaine Hiba Baddou, présentée du 12 septembre au 7 décembre 2025 à l’Artist Room du MACAAL, appartient sans conteste à cette catégorie.

Dans ce voyage poétique et sensible, la jeune artiste de 28 ans transforme le quotidien en métaphore, le banal en porte d’entrée vers l’imaginaire. À travers un court-métrage, des photographies, des calligraphies et des installations, elle interroge notre rapport aux images, aux flux numériques et à une mémoire collective en constante recomposition.

L’antenne parabolique comme symbole

Au cœur de cette odyssée visuelle et sonore, un objet familier : l’antenne parabolique. Présente sur les toits du Maroc et d’ailleurs, elle est ici détournée pour devenir métaphore de nos désirs d’ailleurs. Elle incarne une transcendance moderne, une connexion vers un monde globalisé, mais aussi un signe de rupture avec les repères spirituels et sensibles qui structuraient jadis notre quotidien.

Chez Baddou, la parabole ne capte pas seulement des signaux : elle capte nos imaginaires, nos nostalgies et nos contradictions. En la plaçant au centre de son œuvre, l’artiste met en lumière une tension subtile entre héritage culturel et colonisation numérique.

Le couscoussier devenu antenne

Parmi les installations les plus marquantes, Kesskass frappe par sa simplicité et sa puissance symbolique. Un couscoussier, objet de partage et de mémoire familiale, se métamorphose en antenne. Ce geste artistique audacieux illustre l’irruption de la technologie dans nos traditions les plus intimes.

Ce que l’on croyait figé dans le rituel se retrouve absorbé par l’ère digitale. Faut-il y voir une menace, une perte, ou bien une réinvention ? L’artiste ne donne pas de réponses toutes faites. Elle préfère inviter à la réflexion, à l’observation lente, à la redécouverte de gestes ordinaires qui deviennent porteurs d’une mémoire universelle.

Une esthétique rétrofuturiste marocaine

Formée à Paris à l’EICAR et à Penninghen, primée par la Saatchi Gallery, Hiba Baddou a très tôt imposé une signature esthétique singulière. Sa démarche puise dans une culture marocaine riche tout en explorant les possibilités d’un langage visuel rétrofuturiste.

Ses calligraphies, ses films et ses installations oscillent entre passé et futur, entre sacré et numérique. Elle s’inscrit dans une génération d’artistes qui refusent le cloisonnement, préférant brouiller les frontières entre disciplines, supports et identités.

Le MACAAL, un écrin pour la création africaine

En accueillant Paraboles, Une Odyssée Hertzienne, le MACAAL confirme sa vocation : rendre l’art contemporain africain accessible à tous et créer des ponts entre l’héritage culturel, la modernité et les grands enjeux globaux.

L’Artist Room, lieu d’expérimentation du musée, devient ainsi laboratoire de perception et d’imaginaire. En collaboration avec l’Institut français du Maroc, l’exposition incarne ce dialogue fertile entre tradition et innovation, local et global.

Résister par la poésie

Dans un monde saturé d’images et de notifications, l’exposition de Hiba Baddou est une véritable proposition de résistance poétique. Loin de diaboliser la technologie, elle invite plutôt à la ralentir, à la regarder autrement, à s’approprier ce flux incessant pour y retrouver des fragments de liberté.

Comme le dit l’artiste à travers son œuvre : il est encore possible de rêver, de transformer, d’imaginer. Paraboles devient ainsi un voyage intérieur, une odyssée intime où chacun peut redéfinir son rapport au monde.

Une artiste à suivre de près

Née à Rabat en 1997, Hiba Baddou fait partie de ces jeunes voix marocaines qui réinventent la scène artistique contemporaine. Après avoir marqué les esprits avec son projet Paraboles présenté à la Biennale de Dakar en 2024, elle continue d’explorer les identités postcoloniales, les rituels et les langues, à travers des médiums variés.

Elle collabore avec des musiciens tels que David August, Manu Chao ou Amadou & Mariam, et développe en parallèle une recherche autour de la peinture, de la performance et d’un « alphabet imaginaire » inspiré des ondes hertziennes.

Plus qu’une exposition… une expérience

À travers ses œuvres, Hiba Baddou ne cherche pas seulement à montrer. Elle propose une expérience, une immersion dans un monde où l’art devient outil de questionnement et de libération.

En ressortant de l’Artist Room du MACAAL, le visiteur ne voit plus les paraboles des toits de Marrakech de la même manière. Elles cessent d’être de simples objets techniques pour devenir des miroirs de nos désirs, des témoins de nos métamorphoses, des paraboles au sens littéral et spirituel.

Paraboles, Une Odyssée Hertzienne est à découvrir jusqu’au 7 décembre 2025 au MACAAL de Marrakech. Une invitation à ralentir, à ressentir et à se reconnecter à soi, dans un monde où tout nous pousse à aller toujours plus vite.

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Article rédigé par la rédaction Elle & Tendances
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