mercredi, avril 30, 2025

Quand les émotions débordent : Aider les enfants à réguler leurs tempêtes intérieures

Il y a des jours où l’émotion traverse l’enfant comme un orage d’été : rapide, intense, imprévisible. Une crise de colère après un « non », des pleurs incontrôlables à l’heure du coucher, une agitation constante à l’approche de l’école… Pour l’adulte, ces vagues émotionnelles peuvent sembler disproportionnées, épuisantes, parfois même déconcertantes. Mais pour l’enfant, elles sont bien réelles, souvent démesurées, car il ne sait pas encore comment les apprivoiser.

Dans ces moments-là, il n’a pas besoin d’un jugement ou d’une punition. Il a besoin d’un repère : une présence calme qui l’aide à contenir ce qui le déborde. C’est ici que les outils de la psychomotricité et de la psychologie peuvent devenir de précieux alliés pour les parents.

Pourquoi les émotions débordent-elles chez les enfants ?

Le cerveau de l’enfant est encore en construction, notamment dans les zones qui gouvernent la gestion des émotions. Le cortex préfrontal, par exemple, n’est pleinement fonctionnel qu’à l’adolescence. D’ici là, c’est souvent le cerveau émotionnel : l’amygdale, le système limbique, qui prend le dessus.

De plus, chez l’enfant, le corps est le premier langage de l’émotion. Avant de dire « j’ai peur » ou « je suis en colère », il le montre par ses gestes : courir, taper, crier, pleurer, se recroqueviller, ou exploser.

Accompagner l’enfant dans la tempête émotionnelle

La régulation émotionnelle ne s’enseigne pas comme une leçon de grammaire. Elle se transmet dans le lien, par l’exemple, dans la manière dont l’adulte accueille l’émotion, sans l’éteindre, sans la nier, mais sans s’y noyer non plus.

Voici quelques outils pratiques, inspirés de la psychomotricité, de la psychologie du développement et des neurosciences affectives, à utiliser au quotidien.

1. Le souffle : calmer le corps

Pourquoi ?
Le souffle est l’un des rares systèmes automatiques du corps que l’on peut contrôler. En ralentissant la respiration, on agit directement sur le système nerveux autonome, notamment sur le système parasympathique, qui apaise le cœur, détend les muscles, et favorise le retour au calme.

Comment faire avec l’enfant ?

  • La bougie imaginaire : souffler doucement comme pour ne pas éteindre la flamme d’une bougie.
  • La main-fleur : imaginer une fleur dans sa paume, inspirer pour sentir son parfum, puis souffler pour la faire danser.
  • Le dragon : inspirer profondément, puis souffler fort comme un dragon cracheur de feu, idéal pour libérer la colère sans violence.

Ces petits exercices peuvent s’intégrer dans la routine du matin ou du coucher.

2. Les pressions profondes : contenir l’émotion par le corps

Pourquoi ?
Certains enfants, en période d’angoisse ou d’agitation, perdent la sensation des limites de leur corps. Les pressions profondes rassurent, recentrent et aident à retrouver une sensation d’ancrage.

Comment faire ?

  • Le burrito : envelopper l’enfant dans une couverture comme un petit burrito en serrant doucement.
  • Les câlins-pressés : offrir des câlins en exerçant une légère pression sur les épaules ou le dos.
  • Les massages courts : utiliser une balle en mousse ou ses mains pour masser doucement les bras, les jambes, et le dos.

À pratiquer après une situation stressante ou avant le coucher.

3. Le mouvement régulé : canaliser sans brider

Pourquoi ?
Le mouvement est un moyen naturel pour l’enfant d’évacuer ses tensions internes. L’empêcher de bouger aggrave souvent son malaise. L’objectif est de canaliser l’énergie, pas de la bloquer.

Activités concrètes :

  • Marcher lentement sur une ligne au sol : comme des équilibristes, concentrés sur chaque pas.
  • Le jeu du robot : marcher très lentement, bras tendus, comme un robot.
  • Porter un sac de sable ou pousser une chaise : procurer une satisfaction corporelle et apaiser le système nerveux.

4. Le jeu symbolique : exprimer ses émotions autrement

Pourquoi ?
Le jeu permet à l’enfant de projeter ses émotions à travers des personnages ou des objets, créant une distance sécurisante.

Idées de jeux :

  • Le théâtre des émotions : créer des scènes avec des figurines ou peluches incarnant différentes émotions.
  • Les cartes d’émotions : dessiner ensemble des visages exprimant joie, peur, colère… et les utiliser pour exprimer son ressenti.
  • La météo du cœur : chaque jour, l’enfant décrit son état émotionnel (soleil, nuage, pluie, orage…).

5. Le dessin du corps émotionnel : visualiser ce qu’on ressent

Pourquoi ?
Dessiner aide l’enfant à localiser et exprimer ses émotions dans son corps.

Mise en pratique :

  • Proposer de colorier une silhouette humaine en identifiant les zones où il ressent la colère, la peur, la tristesse.
  • Utiliser des symboles (feu, nuage, éclair) pour représenter ses sensations.

C’est aussi une belle porte d’entrée pour dialoguer sans juger.

6. Le vocabulaire émotionnel : mettre des mots pour apaiser

Les émotions non exprimées s’accumulent dans le corps. Donner des mots permet de les contenir.

Comment aider ?

  • Utiliser des phrases d’empathie : « Tu as l’air très en colère / inquiet / excité, c’est ça ? »
  • Partager ses propres émotions : « Moi aussi, parfois, je ressens cela. »
  • Lire ensemble des livres comme La couleur des émotions ou Grosse colère.

Et si on ne trouve pas la solution ?

L’objectif n’est pas de faire taire l’émotion, mais d’aider l’enfant à la traverser sans se blesser ni blesser l’autre. Parfois, il pleurera, criera, se roulera au sol… et c’est OK.

La clé est dans la co-régulation : l’enfant apprend en voyant que l’adulte, à ses côtés, reste stable, présent et sécurisant.

Ce que vous êtes vaut souvent bien plus que ce que vous faites.

En conclusion : réguler, c’est grandir

Apprendre à réguler ses émotions est un long chemin. Chaque petit pas compte. Chaque souffle partagé, chaque mot posé, chaque silence respecté est une graine semée dans le terreau de l’enfance.

Vous n’avez pas besoin d’être parfait, juste présent et parfois, c’est dans un simple câlin, un regard complice ou un jeu improvisé que l’enfant trouve, enfin, un peu de calme dans sa tempête intérieure.

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