samedi, juillet 5, 2025

Troubles de l’estime de soi chez l’enfant : Et si le corps avait aussi besoin d’être réhabilité ?

Chez de nombreux enfants et adolescents, on observe une gêne silencieuse, un malaise diffus, une sensation floue mais persistante que quelque chose ne va pas avec leur corps. Ce malaise ne s’exprime pas toujours par des mots, mais plutôt à travers un regard fuyant, une posture fermée, un refus de participer aux jeux, aux activités sportives ou même aux photos de classe. Une manière de dire : « Je ne me sens pas bien dans mon corps, ni peut-être dans ma peau. »

À l’ère d’Instagram, de TikTok et des selfies ultra-filtrés, l’image de soi se construit de plus en plus à travers le regard de l’autre. Ce regard, souvent, juge, compare, idéalise. Il appauvrit le rapport au corps, le rend extérieur à soi. On cherche un corps à exposer, plutôt qu’un corps à habiter. Et cela, en particulier chez les jeunes en quête d’identité, peut créer des blessures profondes.

Le corps, ce grand oublié de l’estime de soi

On pense généralement que l’estime de soi repose sur la confiance, la valeur personnelle, le sentiment de réussite. Pourtant, elle commence d’abord par le vécu corporel : la sensation fondamentale d’exister dans son corps, d’y être bien, d’être soi, sans honte ni peur.

Les enfants ou adolescents anxieux, inhibés, repliés sur eux-mêmes ont souvent un rapport au corps abîmé. Ils s’en méfient, le trouvent encombrant, maladroit, « trop gros », « pas assez beau », ou simplement « pas comme il faut ». Ils peuvent le maltraiter, l’ignorer, le comparer sans cesse.

Et lorsqu’il y a une blessure dans la relation au corps, la thérapie doit aussi passer par le corps.

Réseaux sociaux et distorsion de l’image corporelle

Nos adolescents grandissent dans un monde saturé d’images. TikTok leur montre des corps parfaitement calibrés, des visages lissés, des mouvements réglés au millimètre. Instagram leur impose des standards de beauté artificiels : dents blanches, ventre plat, peau impeccable, lumière calculée.

Le danger n’est pas seulement dans ce qu’ils voient, mais surtout dans ce qu’ils ne voient pas : les imperfections, les doutes, les corps ordinaires, la réalité brute.

Résultat ? L’adolescent commence à percevoir son corps comme un objet à corriger, à améliorer, voire à cacher. Il s’éloigne de son ressenti corporel authentique et développe une image de soi fragile, souvent douloureuse.

Réhabiliter le corps : Une urgence silencieuse

Réhabiliter le corps, c’est offrir à l’enfant ou à l’adolescent la possibilité de se reconnecter à lui-même, de ressentir, de bouger, de s’exprimer avec son corps tel qu’il est — et non tel qu’il devrait être.

C’est le fondement même de la psychomotricité : replacer le corps au centre, non pas comme apparence, mais comme expérience.

Le mouvement comme outil thérapeutique

Le mouvement, qu’il soit libre, expressif ou structuré, peut devenir un formidable levier pour restaurer l’estime de soi corporelle. Voici quelques pistes :

1. Retrouver ses sensations : se reconnecter à l’intérieur

Pourquoi ?
Un enfant mal dans sa peau vit souvent son corps comme un objet extérieur, un miroir déformé. Il ne le ressent plus de l’intérieur. Réactiver la proprioception, la conscience corporelle, lui permet de renouer avec un sentiment de présence.

Outils concrets :

  • Jeux sensoriels : marcher pieds nus sur différentes textures (tapis, sable, mousse…), yeux fermés
  • Relaxation guidée : « Imagine que ton pied devient lourd, très lourd, comme un caillou qui coule »
  • Activités douces : yoga enfant, balancements, exercices d’ancrage

2. S’exprimer par le corps : libérer les émotions

Pourquoi ?
La honte, la colère ou la tristesse refoulées s’impriment dans la posture, la raideur, la gestuelle. Le corps parle là où les mots manquent.

Outils concrets :

  • Danse libre sur des musiques variées : tribal, piano, pop
  • Mime des émotions : représenter la peur, la fierté, la joie
  • Théâtre corporel : devenir un arbre, un lion, une montagne

Ces jeux corporels permettent à l’enfant de se réapproprier un corps expressif, vivant et créatif.

3. Restaurer la posture : se redresser pour exister

Pourquoi ?
L’estime de soi se lit dans la posture : épaules voûtées, tête baissée, démarche hésitante traduisent un manque de confiance. Apprendre à se tenir droit, stable, ancré est déjà un acte d’affirmation de soi.

Outils concrets :

  • Marche en équilibre, objet sur la tête
  • « Exercice du roi ou de la reine » : mains sur les hanches, regard fier, respiration lente
  • Jeux de miroir : reproduire la posture d’un adulte, puis inventer sa propre posture « forte »

4. Construire un corps compétent : réussir pour s’aimer

Pourquoi ?
Rien de tel que de se sentir capable, fort, habile pour restaurer la confiance. Un enfant qui réussit à grimper, sauter, danser, sent que son corps est un allié.

Outils concrets :

  • Parcours moteurs progressifs (sauter, ramper, viser une cible)
  • Activités sportives valorisantes mais non compétitives : cirque, escalade, natation synchronisée
  • Mots d’encouragement : « Regarde jusqu’où tu es allé, ton corps t’a aidé ! »

5. Nommer et intégrer l’expérience corporelle

Pourquoi ?
Mettre des mots sur les ressentis corporels permet d’intégrer ces sensations dans une image de soi plus harmonieuse.

Comment ?

  • Tenir un journal du corps : « Aujourd’hui, je me suis senti fort en grimpant », « Je me suis senti léger en dansant »
  • Partager après l’activité : « Qu’as-tu ressenti dans ton ventre ? Tes jambes ? Ton cœur ? »

Un mot pour les parents et éducateurs

Si votre enfant fuit le miroir, refuse de se montrer ou s’isole à cause des réseaux sociaux, rappelez-lui que son corps est bien plus qu’une image.

C’est son ancrage, son moyen d’agir, de créer, de ressentir. Et c’est aussi par le corps qu’il peut guérir ses blessures invisibles.

En conclusion : Se réconcilier avec soi-même passe par le mouvement

Dans un monde qui surexpose des corps parfaits, le plus beau cadeau que l’on puisse offrir à un enfant ou à un adolescent est de l’aider à réinvestir son corps réel. Pas celui des filtres, mais celui de la vie : celui qui tombe, transpire, vibre, se redresse, danse.

Le corps n’est pas un obstacle à aimer. Il est un point de départ pour s’aimer.

Et parfois, il suffit d’un souffle, d’un pas, d’un jeu de mains ou d’un rire partagé pour que le chemin commence.

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